Hannah Schneider Hannah Schneider

6 plantes sauvages à cueillir au mois d’avril

Le mois d’avril est un des plus beaux mois de l’année pour la cueillette sauvage, toutes les plantes ont commencé à sortir mais la plupart sont encore tendres et peu amères. Cette année, avec toute la pluie, la végétation est plutôt luxuriante, profitons-en !



Je démarre une petite série dans laquelle je vous propose quelques plantes sauvages, comestibles et médicinales, que vous pouvez cueillir autour de chez vous, dans le Sud de la France. J’espère que ces articles pourront vous être utiles !




Jeunes feuilles de figuier

On commence avec une de mes plantes préférées ! On connait toutes et tous ses fruits délicieux, mais ce qu’on sait moins, c’est que les feuilles aussi sont comestibles ! Les toutes jeunes feuilles (quand elles font environ moins de 3cm et sont encore d’un beau vert tendre) sont délicieuses crues, et on peut en faire des tas de choses : un vin liquoreux, du chocolat aromatisé, des desserts… Je vous partagerai bientôt la recette du vin de feuilles de figuier, il est absolument délicieux et fait des étincelles pour les apéros en été…

Plus tard, quand les feuilles auront grandi, on peut aussi les utiliser pour enrober des papillotes qu’on fait cuire à la vapeur ou au four. À la cuisson, la feuille va délicatement parfumer la garniture : un délice !

Attention au moment de la cueillette : le latex qui coule de la plante lorsqu’elle est blessée est irritant. Portez des gants pour vous protéger si vous êtes sensibles, ou du moins faites attention.





Inflorescences du lila

Le lila est en fleurs un peu partout en ce moment, il forme des belles grappes mauve pâle qui embaument les jardins. Ce parfum si délicat se capture facilement en boisson ou en dessert. Testez le en pana cotta, ou faites simplement infuser les fleurs dans de l’eau fraîche. De cette manière, on profite aussi en douceur des propriétés calmantes de la plante, et la bouteille en verre remplie de fleurs décore magnifiquement la table.







Brocoli sauvage

On l’appelle aussi pain blanc, et ce sont les boutons floraux de la plante qui se mangent, juste avant que les toutes petites fleurs blanc crème n’éclosent. De la même famille que le brocoli (les Brassicacées), il lui ressemble comme deux gouttes d’eau mais a un goût bien plus piquant ! Il pourrait y avoir des confusions avec une autre espèce très proche qui elle aussi ressemble à un minuscule brocoli (1 ou 2cm) à l’état de bouton floral, mais cette espèce n’est pas toxique du tout et à un goût proche. Il est très abondant autour de chez moi, d’ailleurs on le remarque bien une fois que les fleurs ont éclot, il forme des traînées blanches dans les prés.Je l’ajoute à mes salades ou le prépare en tempura, il est très bon aussi en poêlée ou à la vapeur.







Thym en fleurs


Le thym en fleurs explose ces jours-ci, c’est le moment de faire les réserves pour l’année pour faire face aux infections hivernales ! En effet, lorsque c’est la partie aérienne de la plante qu’on recherche, elle sera toujours plus puissante au moment de la floraison. Le thym est un de vos meilleurs alliés pour lutter contre les infections hivernales, à prendre en tisane dès les premiers signes de refroidissements pour éviter que la maladie ne s’installe. Si c’est trop tard et qu’on est déjà tombé malade, il pourra aider à désinfecter les bronches et fluidifier les sécrétions (il est donc à privilégier en cas de toux grasse).


Si on est plutôt de la team des gourmands, on peut préparer une gelée de fleurs de thym, en faisant une infusion bien concentrée puis filtrée, à laquelle on ajoute du sucre et de l’agar-agar. Elle accompagnera à merveille un petit chèvre, et je l’adore aussi pour accompagner un yaourt avec du tahini !



Jeunes feuilles de roncier



Saviez vous que les toutes jeunes feuilles de roncier sont comestibles ? Testez les lorsque les aiguillons ne se sont pas encore développés : elles sont certes déjà astreingeantes, mais il y a aussi un super bon goût de fruit qui arrive en bouche dans un deuxième temps. Et elles sont full antioxydants ! On peut les ajouter à un mesclun sauvage ou simplement les grignoter au fil des chemins pour profiter de leurs bienfaits.

Il existe aussi une recette qui permet de faire fermenter légèrement les jeunes feuilles de ronce dans un torchon humide pour les transformer en thé maison. À tester absolument !

Les feuilles de roncier sont puissamment astreigeantes : c’est une des meilleures plantes à prendre en infusion ou en gargarisme lorsqu’on a une angine. Pensez à faire vos réserves maintenant en vu de l’hiver prochain, car les feuilles sont plus faciles à cueillir en ce moment qu’en plein hiver !

Alliaire

C’est l’une des meilleures plantes sauvages, les jeunes feuilles ont un délicieux goût à mi-chemin entre l’ail et la moutarde. Plus tard, on pourra aussi profiter des fleurs (qui ont le même goût en plus prononcé) puis de ses graines (qui ont le même goût en beaucoup plus prononcé). Elle est facile à reconnaître lorsqu’on débute la cueillette sauvage, avec ses jeunes feuilles en forme de coeur et aux dents arrondies. On ne peut pas se tromper si on trouve cette bonne odeur d’ail ! On peut bien sûr les manger en salade et je les imagine très bien dans des rouleaux de printemps ;)

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Hannah Schneider Hannah Schneider

Pourquoi la cueillette sauvage ?

Tout commence par une idée.

« On protège ce qu’on aime, et on aime ce qu’on connait » Jacques Cousteau 

Pour cueillir, il faut apprendre à nommer et à reconnaître les plantes. Et en chemin pour reconnaître, il faudra apprendre à observer attentivement, à s’oublier dans cette observation, à se fondre un petit peu dans l’Autre. 

Approchez vous d’une plante et prenez le temps de l’observer attentivement. Sa couleur, ses nervures, sa texture, ses poils. Froissez-la, sentez son odeur. Revenez l’observer quelques semaines plus tard, regardez émerveillés la fleur se changer petit à petit en fruit, puis le fruit se dessécher et libérer ses graines. De l’observation de la nature on ne peut tirer qu’un seul enseignement, central : tout est parfait. Et de cette perfection, nous les humains ne sommes pas exclus. Tout est là pour nous nourrir et nous guérir. Il suffit d’apprendre à regarder, à reconnaître. 

Voilà ce que nous amène la cueillette sauvage : la reconnexion à notre environnement (et par là, à nous-mêmes), l’émerveillement, et un bon pas vers plus d’autonomie. C’est tout cela que j’ai envie de vous partager ! 

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Hannah Schneider Hannah Schneider

Apprendre à reconnaître les bourgeons - éloge de l’inutilité

Tout commence par une idée.

Pendant les fêtes, j’ai dit à mes proches que je voulais apprendre à reconnaître les arbres en hiver à partir de leurs bourgeons, pour ensuite le transmettre lors de mes sorties. 

On m’ont répondu que ça n’intéresserait personne parce que ça n’avait pas d’utilité, de connaître les bourgeons.

Quelques jours plus tard, je suis quand même partie dans la forêt, munie de ma loupe, mon livre d’identification et toute ma curiosité. 

Pour la première fois de ma vie, j’ai pris le temps d’observer attentivement les bourgeons des arbres dénudés. 

Certains sont aussi gros qu’une bille quand d’autres sont minuscules. Certains sont rouges sang, d’autres sont d’un noir profond, certains sont verts et la plupart épousent tout le nuancier du marron. Certains sont recouverts d’un duvet doré, d’autres sont collants et visqueux, certains sont mats comme des galets et d’autres soyeux comme le pelage d’un persan. Sur les branches de certains arbres, les bourgeons poussent si proche les uns des autres et avec une telle régularité qu’on dirait des écailles de poisson, quand d’autres ressemblent à des petites cornes de sorcières. À observer ces bourgeons, en l’espace de quelques heures, je me suis oubliée. Je n’étais plus qu’une paire d’yeux émerveillés devant la diversité, la perfection et l’ingéniosité de la vie sauvage. 

Alors, dans cet état de plénitude, un peu hors de moi, dans cet état que je ne peux atteindre que lorsque je passe du temps dehors, j’ai repensé à ce que mes proches m’avaient dit la veille. Et j’ai pensé : ce n’est pas vrai, ça ne sert pas à rien. Mais ça n’a pas d’utilité. 

C’est vrai que souvent, on se tourne vers les plantes sauvages afin d’ apprendre à reconnaître celles qui nous sont utiles ; c’est-à-dire celles que que l’on peut manger et celles qui nous soignent. Mais je crois qu’on se détourne vite de ça, ou peut-être même que cette utilité n’a été qu’un prétexte pour se rapprocher du monde végétal tout en faisant croire à notre esprit productif qu’on restait des êtres productifs. Moi je crois qu’en réalité ce qui nous attire dans les plantes sauvages n’est de l’ordre ni du productif ni de l’utile. Je pense que cet attrait réside dans quelque chose de beaucoup plus profond : un besoin d’être émerveillé devant la puissance de la vie, du vivant, cette chose si vaste qui nous dépasse, mais devant l’intelligence de laquelle on ne peut que rester interdit.e.

Alors voilà : j’ai commencé à étudier les bourgeons. Et je vais continuer. Et même, je vais vous partager plein de choses sur les bourgeons.

P.S. à l’attention des méga sceptique qui restent insensibles à la délicatesse des bourgeons malgré la lecture de ce texte : en fait, savoir reconnaître les bourgeons c’est vachement utile, puisque ça permet de faire des préparations en gemmothérapie, qui sont peut-être les préparations les plus puissantes qui existent en herboristerie. Allez salut !

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